Beaucoup d’édifices publics, de biens privés, de magasins et d’agences bancaires ont été la cible des manifestants lors des émeutes de début juin. D’après le mot d’ordre des casseurs, l’objectif était de marcher jusqu’au Palais et déloger le Président Macky Sall.
Le projet a foiré. Et des dizaines de personnes soupçonnées d’avoir pris part à son élaboration et à sa tentative de mise en œuvre ont été arrêtées. Parmi eux, Boubacar Cissé, un militant de Pastef.
Né le 14 avril 1993 à Bona (Sédhiou), ce technicien en câblage est domicilié à la cité Safco de Keur Massar. Il a été arrêté le 5 juin à la Place de la Nation par les éléments du commissariat de la Médina.
D’après L’Observateur, qui donne les détails de l’enquête le concernant, Boubacar Cissé portait au moment de son interpellation un sac à dos contenant «une cagoule noire et une bouteille de vinaigre». «S’ils (les policiers) ont trouvé ces effets sur moi, c’est parce que le 1er juin, lors des manifestations, en rentrant chez moi, j’ai perdu connaissance du fait de la fumée des grenades lacrymogènes, s’est-il justifié face aux enquêteurs. C’est ainsi que je me suis procuré cette cagoule et du vinaigre pour me prémunir. La cagoule m’a été offerte par un manifestant dont j’ignore le nom.»
Pour le reste, rapporte L’Observateur, le militant de Pastef a laissé entendre qu’il est blanc comme neige. Les policiers lui rétorqueront, selon le journal, que son téléphone l’enfonce.
Téléphone bavard, messages de feu, photos suspectes
L’enquête révèle, en effet, que l’exploitation de l’appareil a révélé que le mis en cause a échangé avec des casseurs présumés nommés A. A. S, A. D et A. Nd, au sujet d’un plan d’attaques au cocktail Molotov. La même source précise que les discussions se sont déroulées dans le groupe WhatsApp «Jeunesse Taxaw Sédhiou».
Boubacar Cissé a reconnu la paternité des messages en question. «J’assume les écrits dans ces discussions. Cependant la finalité était tout juste de manifester pacifiquement», s’est-il empressé de préciser.
C’était sans compter avec un autre message découvert sur son téléphone par les enquêteurs. Celui-ci disait : «Urgent, à partir de demain, bloquer toutes les routes et les autoroutes partout à travers le pays. Imposer la fermeture des établissements scolaires, des banques, des agences et services de l’État. Organiser la lutte dans tout le pays et particulièrement dans la région de Dakar. Marcher ensemble vers le centre-ville puis vers le Palais de la République pour déloger Macky Sall et libérer le Sénégal de la tyrannie de la famille Faye-Sall.»
Selon les policiers, Boubacar Cissé a transféré ce message de feu à A. Nd avec la consigne de le partager dans l’ensemble de leur réseau de groupes WhatsApp. Pour sa défense, le mis en cause a juré avoir «partagé ledit texte sans y prêter attention».
Autre indice compromettant pour le militant de Pastef : les enquêteurs ont découvert sur son téléphone des photos d’édifices publics et privés et du dispositif de la police positionné au niveau de la Place de l’Indépendance. Interpellé sur ces clichés, Boubacar Cissé dit : «J’ai pris ces photos pour les transmettre à mes camarades. Mais le but de notre manifestation était de montrer notre colère.»