« Les services du FMI encouragent également les autorités à accélérer la finalisation d’une feuille de route crédible pour supprimer progressivement les subventions au secteur de l’énergie ». Au vu du nombre de fois qu’une phrase pareille se retrouve dans les communiqués du Fmi, l’information du quotidien Besbi selon laquelle le gouvernement a décidé d’augmenter les prix du carburant et de l’électricité n’a rien de surprenant.
L’institution a matraqué Macky Sall et ses hommes de cette exigence durant toute l’année 2022. Du 19 mai au 17 novembre 2022, le Fmi est revenu à la charge 5 fois (communiqués disponibles sur son site) pour obliger le Sénégal à supprimer progressivement les subventions à l’énergie. D’ailleurs, l’argent dont le Sénégal devrait bénéficier du Fmi a été conditionné à ce préalable.
Dans un communiqué du 17 novembre 2022, le conseil d’administration du Fmi disait avoir « approuvé le 15 novembre 2022 la demande des autorités sénégalaises de prolonger jusqu’au 10 janvier 2023 l’accord de confirmation et l’accord au titre de la facilité de crédit de confirmation conclu avec le pays ».
En d’autres termes, le Sénégal avait jusqu’au 10 janvier 2023 pour prendre des mesures concrètes au sujet de la subvention sur l’énergie et sur les appels d’offres liés au marché publics. Au cas contraire, les 453 millions des Droits de tirages spéciaux lui fileraient entre les doigts.
Macky s’est donc dépêché avant la date butoir. La question des marchés publics a été résolue par un décret sorti récemment, il restait la subvention à l’énergie. Ce sera fait dans quelques heures. C’est ce couteau du Fmi à la gorge de Macky qui explique d’ailleurs l’absence de délai entre l’annonce et l’application de la mesure.
Le 16 novembre dernier, le Fmi dénonçait que les subventions à l’énergie soient non ciblées et contribuent à grever le budget de l’Etat au profit des riches. « Ces subventions deviennent de plus en plus coûteuses et devraient atteindre 750 milliards 2022 (soit 4,4 % du PIB). En l’absence de nouvelles mesures, elles s’élèveraient à 800 milliards (soit plus de 4 % du PIB) en 2023 ».
Le 6 octobre 2022, à l’issue d’une mission du Fmi, la même recommandation revient à côté des exonérations fiscales et des dépenses non prioritaires. Le Fmi se désole même du fait que « la forte hausse des subventions à l’énergie a conduit le gouvernement à décaler certains projets pour contenir le déficit budgétaire au niveau visé de 6,2 % du PIB ».
Le 24 juin 2022, la subvention à l’énergie revient, comme toujours, suivie des marchés publics passés sans appels d’offres.
Si le gouvernement suit l’institution, cette décision n’est qu’un début, car le Fmi demande une réduction progressive de la subvention qui doit aboutir à une suppression totale d’ici 2025. La hausse de la bourse familiale de 25 000 à 35 000 par trimestre ne fait donc que compenser, en partie, cette perte à venir.
Par ailleurs, il faut redouter que cette mesure ne touche les populations les plus vulnérables. En effet, l’augmentation du prix du gasoil et de l’électricité peut avoir des répercussions dans d’autres activités telles que le transport en commun.
Il s’y ajoute les conséquences économiques. La décharge électrique (facture de l’électricité) fait partie des facteurs qui plombent la compétitivité de l’économie sénégalaise. Si les entreprises doivent supporter plus de charges sur cette ligne, dans ce contexte difficile, il est à contraindre que l’économie en prenne un sacré coup