«Macky Sall n’a pas créé l’affaire Sonko mais il n’a rien fait pour l’arrêter. » C’est l’avis de Cheikh Yérim Seck. «Parce que, argumente-t-il, bien évidemment, cette affaire fait son affaire sur le plan politique. Du moins, comme il a été tenté de le croire a priori. Bien plus tard, lorsque la convocation de Sonko a déchaîné la colère populaire et a failli lui coûter son fauteuil, il a sans doute reconsidéré sa position ». Ses propos sont contenus dans son nouveau livre «Macky Sall face à l’histoire : passage d’un scanner d’un pouvoir africain». Ainsi, il poursuit dans le chapitre 16 titré «Cette affaire Sonko qui fait l’affaire de Macky Sall » : «Mais c’était trop tard. Et il fallait, quel qu’en soit le coût, vider le dossier. Surtout face aux bravades de Sonko qui, à plusieurs reprises, a défié ouvertement l’État, la justice, les magistrats, les forces de l’ordre… allant jusqu’à menacer de cesser d’observer les contraintes imposées par le juge instructeur dans le cadre du contrôle judiciaire qui lui a été accordé pour lui éviter la détention ».
Cependant, écrit-il, après avoir proclamé urbi et orbi que ce qui s’était passé en mars 2021 n’allait plus se reproduire, le président de la République a nommé à la tête de la gendarmerie nationale, le général Moussa Fall, réputé être un homme à poigne. «Il a placé à Dakar un nouveau procureur de la République et un nouveau doyen des juges d’instruction connus dans le milieu de la magistrature pour être de bons techniciens de droit pénal capables d’articuler d’imparables incriminations et de mener des enquêtes minutieuses », mentionne-t-il également
De l’autre côté, sur le terrain de la contestation, Antoine Félix Diome, assisté de Mame Mbaye Niang et d’autres membres du régime originaires de Dakar, a mis en place une forte stratégie de containment des Sonko boys. Ce faisant, dans tous les quartiers chauds de Dakar, où le feu avait pris au cours du soulèvement de mars 2021, il a retourné les meneurs, casseurs. Les groupes de casse de Sonko se sont mués en collectifs de défense de leurs quartiers respectifs.
D’après Cheikh Yérim Seck, c’est ce rapport de force inversé qui a contraint Sonko et les autres leaders de Yewwi Askan Wi de renoncer à la dernière minute à la manifestation qui avait été prévue le 29 juin 2022 pour protester contre le rejet de la liste des candidats titulaires de ladite coalition aux législatives. Mieux, parallèlement à cette action de terrain lourdement préparé à la guerre, pas moins de 300 millions d’euros ont été dépensés pour équiper en engins, en armes et en munitions les forces de défense et de sécurité. L’auteur de dire que L’objectif est clair: imposer une supériorité absolue de la force publique légitime pour empêcher les Sonko boys de réussir en l’avenir la moindre action de déstabilisation.