Un ex-patron de l’audiovisuel public au Cameroun, en détention provisoire depuis près de 6 ans et demi, a été condamné mercredi à 12 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics par le tribunal criminel spécial (TCS), a constaté un journaliste de l’AFP.
Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Cameroon radio-television (CRTV), la radio-télévision publique camerounaise, a été notamment reconnu coupable d’avoir perçu illégalement des frais de congés entre 2005 et 2006 à hauteur de 16 millions de francs CFA (environ 24.300 euros) et d’avoir versé, sans autorisation du conseil d’administration, des compléments de salaire au personnel du ministère des Finances affecté à la CRTV.
« L’accusé Amadou Vamoulké est condamné à 12 ans de prison ferme » pour « détournement de fonds publics », a prononcé le président de la cour, Edouard Awoung, tard dans la nuit après la lecture de la décision qui a duré plusieurs heures.
Âgé de 73 ans, Amadou Vamoulké, paré d’un boubou et d’un chapeau beige, est resté impassible à la lecture de la décision avant de repartir directement en détention, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Cette condamnation intervient en dehors des règles. Il y a eu un vice de procédure et toute la procédure aurait dû être annulée », a déclaré à l’AFP Me. Alice Nkom, son avocate.
Arrêté en juillet 2016, M. Vamoulké a passé plus de six années en détention provisoire et son procès a connu 137 renvois.
« Avant même d’être condamné, M. Amadou Vamoulké était déjà privé de sa liberté. Il y a des millions de violations des droits de l’homme dans ce procès (…) Le monde entier a vu qu’il était détenu de manière arbitraire », a lancé Me. Alice Nkom qui a indiqué à l’AFP son intention de faire appel.
Amadou Vamoulké avait été nommé à la tête de la CRTV en 2005 avant d’être arrêté en juillet 2016.
Il avait par la suite été inculpé et poursuivi pour détournement de fonds publics par le tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption.
En juillet 2021, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé une « infernale cabale judiciaire » et des accusations qui « ne reposent sur aucun élément sérieux ». Le journaliste est, selon RSF, réputé pour son intégrité.
En 2020, l’ONU avait demandé la libération du journaliste.