CESE : Les 4 potentiels successeurs de Idrissa Seck

Entre Idrissa Seck et son désormais ex-allié-futur-adversaire, Macky Sall, le point de rupture est atteint. La déclaration ‘’prématurée’’ de candidature à la présidentielle de 2024 du Rewmiste en chef est tombée comme un cheveu sur le « Mbourok sow », leur étrange mixture politique au goût amer qui est présentement à un niveau de fermentation extrême.

Depuis sa sortie de vendredi dernier, 14 avril 2023, aux allures de demande de divorce à peine voilée, le successeur de Aminata Touré est sur siège éjectable au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Son éviction n’est désormais plus qu’une question de jours. Seneweb a réalisé un petit casting de ses potentiels remplaçants à la tête de ladite institution. Quatre profils sortent du lot. Voici la short-list !
Boun Abdallah Dione, le bras droit et ami de longue date


Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Macky Sall a connu plusieurs hommes de confiance. Mais celui qui remporte la palme est de loin Mohammed Boun Abdallah Dione. Si l’état de leur relation est aussi bon, c’est bien parce qu’elle ne date pas d’hier. Les deux hommes collaborent depuis 2005. À l’époque, Macky Sall venait d’être nommé Premier ministre par le Président Abdoulaye Wade. Il décide de lui confier le poste de directeur de cabinet. Le compagnonnage se poursuit quand Macky Sall est nommé Président de l’Assemblée nationale. Là aussi, il fait confiance à Dionne pour occuper le poste de Directeur de cabinet. A la séparation Sall-Wade, Boun Abdallah Dione rejoint l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).
Deux ans après sa prise de pouvoir (2014),  Macky Sall fait appel à son ami de longue date pour lui confier le poste de ministre chargé de la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE) avant de le propulser à la tête de la Primature quelques mois plus tard. Pour les élections législatives de 2017, le premier ministre prend son bâton de pèlerin pour la conquête de la majorité à l’assemblée nationale. Une tâche qu’il va mener à la perfection puisque sur les 165 députés de l’hémicycle, la coalition Benno Bokk Yaakaar fait une razzia en remportant 125 sièges. Bis repetita lors de la présidentielle de 2019, le Premier ministre est au front pour le deuxième mandat/premier quinquennat du président Sall. La victoire en poche, le chef d’État engage une réforme pour mettre en place un régime présidentiel supprimant ainsi la fonction de premier ministre. Mais Macky Sall ne compte pas pour autant mettre son compagnon dans le frigo. Il est nommé depuis le 6 avril 2019 ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République. Effacé de la vie sociopolitique du pays depuis quelques années, en raison de problèmes de santé, Boun Abdallah paraît avoir repris du poil de la bête en témoigne ces différents postes sur ses plateformes sociales.

Abdoulaye Daouda Diallo, le nomade de la seconde alternance




Dans les gouvernements de Macky Sall, il n’a occupé que des postes stratégiques. En 2012, il est nommé ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget, avant d’être promu ministre de l’Intérieur en 2013. Il a dirigé ce département pendant cinq ans, avant d’être nommé ministre des Transports terrestres et du Désenclavement en 2017, puis ministre des Finances et du Budget en 2019. De nombreux observateurs estiment que Abdoulaye Daouda Diallo faisait partie des candidats potentiels pour le poste de Premier ministre du Sénégal. Toutefois, c’est Amadou Ba qui lui a été préféré. M. Diallo s’est retrouvé à la Présidence comme Directeur de cabinet du Président de la République, Macky Sall. Une station qui illustre la relation de confiance qui lie les deux hommes.  Une nomination au poste de Président du CESE lui permettrait d’avoir une notoriété institutionnelle égale à celle de Premier ministre.
Mouhamadou Makhtar Cissé, retour en grâce d’un banni !

Ce serait le grand retour aux affaires d’un ancien béni, finalement banni ! L’ex tout-puissant ministre du pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé, rattrapé par sa gestion à la Senelec et grillé à haute tension, s’est enfoncé dans le tréfonds du purgatoire politique. Sa tête est tombée lors du remaniement du 1er novembre 2020 avant qu’il ne sombre par la suite dans l’oubli. Il faut dire que lorsque le prix de l’électricité a pris la courbe ascendante en décembre 2019, la réputation de Mouhamadou Makhtar Cissé, elle, a pris le sens inverse.
Promu le 6 avril 2019 -grâce à ses ‘’résultats’’ à la Senelec- à la tête du très stratégique département des énergies, en période de pré-exploitation du pétrole et du gaz, il avait promis une baisse conséquente des tarifs de l’électricité à l’horizon 2020. Une promesse tombée à l’eau avant même ce ‘’deadline’’. Son successeur, Papa Mademba Bitèye qui a hérité d’une boîte où tous les indicateurs semblaient être « au vert », est rattrapé par la dure réalité en seulement 7 mois d’exercice. A la place d’une baisse, c’est à une hausse de 6 à 10% que les ménages sénégalais ont eu droit précipitant ainsi la descente aux enfers de l’ancien directeur général de l’administration douanière.
La présidence du Cese serait donc un bon ascenseur pour permettre à l’ancien Inspecteur général d’État, qui passait pour le dauphin idéal de Macky Sall, de se relancer.

Pape Diop, la rançon de la ‘’transhumance’’


Le leader de Bokk gis-gis, Pape Diop, ne cracherait certainement pas sur le siège de président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le nouvel allié qui a tourné le dos à l’opposition, attend, depuis, un retour d’ascenseur. Selon plusieurs observateurs d’ailleurs, l’ancien président du défunt Sénat (2007-2012) et de l’assemblée nationale (2002-2007), est bien taillé pour le poste de président du CESE qui, du reste, est la seule assemblée constitutionnelle que l’ancien frère libéral de Macky Sall n’a pas encore dirigé.

Même s’il ne pèse pas aussi lourd que le leader de Rewmi Idrissa Seck pour prétendre aux mêmes privilèges, il n’en demeure pas moins que le ralliement de l’ancien maire de Dakar (2002-2009) est d’un apport sans commune mesure pour la mouvance présidentielle qui était à égalité de sièges avec l’opposition à l’Assemblée nationale. En reversant son unique siège à la mouvance présidentielle, le candidat recalé à l’élection présidentielle de 2019 a fait pencher la balance même si celle-ci a été rééquilibrée un laps de temps par la fronde de Aminata Touré.
Le fils de Wade sera-t-il choisi pour remplacer un autre fils de Wade ? Le président Sall décidera.   

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