Le Sénégal et la Tunisie figurent parmi les pays qui reculent le plus au classement annuel de la liberté de la presse, publié mercredi par Reporters sans frontières (RSF).
La Norvège reste le mieux classé et la Corée du Nord est toujours à la dernière position.
La France, elle, passe de la 26e à la 24e place. Ce « petit gain » s’explique « notamment parce que la situation se dégrade ailleurs », a déclaré à l’AFP Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG de défense des journalistes.
Les baisses les plus importantes s’observent au Pérou (110e, -33 places), au Sénégal (104e, -31 places), en Haïti (99e, -29) ou en Tunisie (121e, -27).
Au Sénégal, où l’hypothèse d’un troisième mandat du président Macky Sall suscite l’opposition, RSF dénonce « la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes ». Ce pays était pourtant un « modèle régional jusqu’à il y a peu ».
L’ONG juge par ailleurs que la Tunisie présidée par Kais Saied est « de plus en plus autoritaire et intolérante aux critiques de la presse ».
Selon l’édition 2023 de ce classement de référence, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10.
Fait nouveau, les trois derniers pays sont en Asie, avec le Vietnam (178e) et la Chine (avant-dernière) en plus de la Corée du Nord.
Point encourageant, il y a 52 pays sur 180 où la situation est « bonne » ou « plutôt bonne » (4 de plus qu’en 2022), un chiffre qui n’avait pas été aussi élevé depuis 2016.
La 21e édition de ce classement pointe en particulier les effets de la désinformation.
Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l’élaboration du classement « signalent une implication des acteurs politiques » dans des « campagnes de désinformation massive ou de propagande », selon RSF.
L’ONG s’alarme de la forte présence de la désinformation sur les réseaux sociaux, illustrée, par exemple, par les fausses images générées par l’intelligence artificielle (IA).
Ce classement mondial est réalisé par RSF sur la base « d’un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes » d’une part, et « d’une étude qualitative » de l’autre.
Cette dernière se fonde « sur les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains) à une centaine de questions ».