Le Premier président de la Cour des comptes va saisir le ministère de la Justice aujourd’hui, pour demander l’inculpation des personnes citées dans le rapport sur la gestion des fonds de lutte contre les effets du Covid. Cela va permettre à l’appareil judiciaire d’entrer en jeu, et d’entendre tous ceux qui sont impliqués.
Le gouvernement veut rapidement se sortir du sulfureux rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre les effets du Covid-19. Le Quotidien a appris que le Premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, va saisir la Chancellerie afin d’enclencher des poursuites contre toutes les personnes épinglées dans le rapport pour des faits constitutifs de crimes ou délits. Le chef de l’Etat a d’ailleurs rappelé hier, en réunion du Conseil des ministres à Tambacounda, ses instructions, pour que les ministres mettent rapidement en œuvre toutes les recommandations de la Cour des comptes, telles que formulées dans ledit rapport, et veiller à ce que tous les mis en cause s’expliquent devant les juridictions compétentes.
Au cours d’un point de presse tenu le vendredi 23 décembre dernier, les ministres des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba, et du Commerce, Abdou Karim Fofana, avaient souligné que la Cour des comptes avait énoncé 85 recommandations, « qui seront capitalisées et internalisées au titre de bonnes pratiques en matière de bonne gouvernance des ressources publiques, dans des situations d’urgence et de crise ». Dans ces 85 recommandations, il y a celles qui préconisent la poursuite en Justice d’auteurs présumés de faits assimilables à des détournements de deniers publics ou des surfacturations. Moustapha Bâ allant jusqu’à préciser que les montants estimés comme devant faire l’objet de poursuites judiciaires, concernaient exactement 6 milliards 686 millions 784 mille 410 francs Cfa, « soit 0,7% du montant total du Pres décaissé ». Le Pres étant le Programme de résilience économique et sociale.
Les 9 ministères en cause sont ceux de la Santé et de l’action sociale, de la Microfinance et de l’économie solidaire, du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale, du Commerce et des petites et moyennes entreprises, de la Femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants, de la Culture et de la communication, ainsi que du Développement industriel et des petites et moyennes industries. Pour la plupart de ces départements ministériels, ce sont les Dage qui sont mis en cause pour des montants divers.
D’autres recommandations à caractère non pénal, qui portent sur des fautes de gestion, vont aboutir à envoyer leurs auteurs devant la Chambre de discipline financière de la Cour des comptes. Une pratique courante dans l’Administration, et qui concerne des centaines de fonctionnaires chaque année.
En tout état de cause, toutes les personnes impliquées ou mouillées auront le loisir de se faire entendre devant les juridictions compétentes, et en ce qui le concerne, le président de la République, selon ses proches, n’entend couvrir personne dans cette affaire. Comme aiment à le dire certains confrères, il ne mettra le coude sur aucun dossier.
Le fait déjà pour le président de la Cour des comptes de saisir dès ce jeudi le ministère de la Justice, est aussi le signe que le gouvernement aimerait déterminer le plus vite possible, si des sanctions administratives devraient suivre certaines éventuelles condamnations, ou si comme il peut également être attendu dans certains cas, des personnes seront en mesure de se laver de toute infamie.