Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a aidé l’Alliance pour la république (Apr) à sortir Mimi Touré de l’Assemblée nationale. L’ancienne Première ministre perd ainsi son poste de député, parce que l’Apr considère qu’elle a quitté la coalition qui lui a offert le siège. Le parti de Macky Sall suit ainsi le parti d’Abdoulaye Wade qui en avait fait de même contre les députés libéraux Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lo.
La différence est que le Pds l’avait fait avec ses alliés, alors qu’ici l’Apr l’a réussi avec une formation supposée être dans l’opposition. Depuis lors, certains parlent d’alliance entre Pds et Apr, retrouvailles des libéraux… Pourtant, si l’on suit la trajectoire du Pds depuis le départ de Karim de Rebeuss vers Doha au Qatar, rien ne doit surprendre.
Les derniers faits sont à trouver évidemment dans la supposée méga-coalition Yewwi/Wallu. Lorsque Yewwi Askan Wi a déposé une motion de censure, il y a un peu plus d’un mois, contre le gouvernement d’Amadou Ba, le Pds a refusé d’aller dans le même sens que ses alliés, sous prétexte qu’il n’a pas été saisi. Les explications fournies par la suite par le président du groupe parlementaire Yewwi, Birame Souley Diop, indiquent tout le contraire.
Quand les camarades de Sonko et Khalifa Sall ont décidé de tenir un concert de casseroles le 31 décembre 2022 à l’heure du discours à la Nation du chef de l’Etat, Macky Sall, le Pds s’est encore démarqué. Voilà donc deux coalitions qui sont allées ensemble aux législatives, croyant toutes les deux être dans l’opposition. Mais aujourd’hui, tout indique que le Pds a plutôt rusé avec les autres. Il affiche une plus grande proximité avec le parti au pouvoir.
En outre, voilà des années que Karim Wade, le candidat naturel du Pds, est hors du pays. Le parti n’a jamais été dans une posture de combat pour le retour de Wade fils. Au mieux, on se limite à des déclarations de forme qui ne trompent personne. Certains ont d’ailleurs franchi le pas pour se retrouver du côté des marron-beige. Ceux qui ont osé dénoncer cette ligne du parti ont été contraints de partir.Le Pds et la présidentielle de 2019
Le fait le plus marquant dans ce jeu de dupe est la non-participation du Pds à l’élection présidentielle de 2019. Un grand parti comme celui de Wade qui perd le pouvoir dans les conditions que l’on connaît et qui décide de ne pas participer à l’élection présidentielle, 7 ans plus tard, il faut nouer des complicités quelque part pour le faire. De part cette attitude, le Pds a grandement contribué à la réélection de Macky Sall. Wade et son fils ont ouvert le boulevard à leur bourreau de 2012.
De plus, Abdoulaye Wade a interrompu la campagne d’Ousmane Sonko pour qu’il se retrouve tous les deux dans un hôtel à Dakar. A la sortie, rien, aucune consigne, de la part de Wade. Avec le recul, cela ressemble plus à une manœuvre pour faire perdre le leader du Pastef.
Aujourd’hui que Macky Sall semble déterminé plus que jamais à éliminer Sonko par voie judiciaire, comme il l’a déjà fait avec Khalifa et Karim, le Pds est de plus en plus en phase avec Benno. Autant de faits, signes et gestes qui indiquent clairement que le Pds n’est pas dans l’opposition, mais beaucoup plus du côté de la majorité présidentielle, à défaut d’être carrément dans la majorité.