Excellence Monsieur le président de la République,
Je tiens tout d’abord à profiter du début de ce mois béni de Ramadan pour vous souhaiter chaleureusement et affectueusement, en mon nom et au nom de Wal Fadjri, Ramadan Moubarack. J’associe également votre famille et vos proches à ces vœux de paix, de santé et bonheur.
Il m’est particulièrement ardu de vous adresser cette lettre ouverte. Mais à la suite de l’arrestation d’un de mes employés, Pape Ndiaye, et de l’ambiance délétère qui prévaut, je ne saurai m’y soustraire.
Je me le permets à deux titres : d’abord, en tant que dirigeant d’un Groupe de presse, ensuite en tant que jeune Sénégalais qui éprouve une profonde affection pour votre personne.
De nos jours, c’est devenu un euphémisme que de dire que la presse est attaquée (on appelle ouvertement à brûler un organe de presse), réprimée et réprimandée avec une sévérité qui n’a d’égale que le danger qui guette toute la profession journalistique. Laquelle a concouru, avec abnégation et détermination, à vous porter en héraut de la seconde alternance connue par la nation sénégalaise au soir du 25 mars 2012.
Ce n’était pas seulement votre victoire, mais celle de toute la démocratie sénégalaise, que la presse ne cesse d’incarner en jouant, tant bien que mal, son rôle de quatrième pouvoir. Vous avez vous-même souligné à plusieurs reprises que la vitalité de la démocratie sénégalaise dépend grandement de cette presse et qu’en conséquence, aucun journaliste ne sera emprisonné sous votre régime.
Monsieur le Président de la République, je vous en supplie, usez de vos pouvoirs pour faire libérer Pape Ndiaye et établissez un dialogue constructif avec tous, quelle que soit l’étiquette souvent abusive attribuée à tel ou tel organe.
Je serai votre humble serviteur, si tel est votre désir, pour la cause de la presse et par ricochet pour la paix au Sénégal. Faites-le surtout pour que jamais votre nom ne fasse partie des pages sombres de la liberté de la presse. Vous valez mieux que ça. Vous nous avez habitués à mieux que ça.
Vous êtes assurément un bâtisseur, en attestent les innombrables et appréciables réalisations qui sont les vôtres. Ne laissez personne détruire cette belle œuvre. Notre pays, qui vous a tout donné, ne le mérite pas !
Je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération et de mon profond respect.
Votre fils
Cheikh NIASS