L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui doit être jugé à partir de fin janvier pour corruption présumée, a annoncé avoir été empêché mercredi de voyager à l’étranger, dénonçant une mesure illégale.
« J’étais à l’aéroport pour voyager, mais j’ai été empêché par la police politique qui a dit avoir reçu des instructions en ce sens, alors que je ne suis pas soumis au contrôle judiciaire ni à aucune autre disposition pouvant m’interdire de voyager », a-t-il assuré dans une vidéo partagée sur sa page Facebook.
L’ex-chef de l’Etat mauritanien sera jugé par un tribunal pour corruption présumée avec 11 autres dignitaires de son régime à partir du 25 janvier, selon une source judiciaire.
M. Ould Abdel Aziz avait été inculpé en mars 2021, en même temps que plusieurs hautes personnalités, pour ces faits présumés qui auraient été commis quand il dirigeait le pays de 2008 à 2019.
Parmi ses co-inculpés figurent un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires.
« Il y a de cela deux jours seulement, une personne qui se trouvait sur la même liste que moi à pu voyager. Apparemment c’est un mauvais traitement que me réserve ce mauvais système de gabegie en place, qui mène le pays à la dérive », a ajouté M. Ould Abdel Aziz.
Son passeport a également été confisqué mercredi, selon un responsable de la gendarmerie qui a requis l’anonymat.
Plus tôt mercredi, le porte-parole du gouvernement Nany Ould Chrougha a déclaré à la presse que les agissements de l’ancien président visent à influencer la procédure judiciaire en cours.
L’ex-chef d’Etat a été placé en détention en juin 2021 pour non-respect des mesures de son contrôle judiciaire et trouble à l’ordre public, avant d’être libéré début janvier 2022 pour raisons de santé.
La justice avait été saisie en août 2020 du rapport d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les plus de 10 années de pouvoir de M. Aziz.
La commission s’est penchée sur plusieurs aspects: gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’Etat, liquidation d’une société publique assurant l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires, activités d’une société chinoise de pêche…
L’ex-président, qui crie au « règlement de comptes », a toujours refusé de parler au juge d’instruction. Il s’estime protégé par l’immunité que lui confère selon lui la Constitution.