Magal de Kazu Rajab : En souvenir de Serigne Fallou Mbacké, l’homme multidimensionnel

À l’occasion du Magal de Kazu Rajab qui célèbre la naissance du guide religieux Serigne Fallou Mbacké ce mercredi 7 février 2024, Seneweb a fait un saut dans l’histoire, pour parler de l’un des hommes les plus vertueux du Sénégal.


Cheikh Fallou Mbacké, de son vrai nom Cheikh Mouhamadou Fadel Mbacké, est le deuxième fils de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme et de Soxna Awa Bousso, sa mère issue d’une famille de grands érudits à Touba. Serigne Fallou Mbacké est né le 27 juin 1888 à Darou Salam, jour d’anniversaire de l’ascension du Prophète Mouhamad (PSL) (27e nuit du mois Rajab).
A son plus jeune âge, le guide religieux commence l’apprentissage du Coran sous le contrôle de son père, Cheikh Ahmadou Bamba puis de Serigne Ndame Abdourahmane Lo au daara dénommé Âlimun Xabîr, à environ cinq kilomètres de Touba. Après Mame Thierno Birahim, son oncle Serigne Mame Mor Diarra lui servit de professeur dans l’étude de la Théologie. Sa formation dans les sciences religieuses fut complétée par le Cheikh lui-même, à son retour d’exil.
Ce qui est étonnant avec Serigne Fallou Mbacké, c’est la relation particulière qu’il entretenait avec Cheikh Ahmadou Bamba. Il vouait un immense respect à son père et une dévotion sans limites. Il était tellement soumis qu’à un moment donné, il ne considérait plus Serigne Touba comme un père, mais comme son maître spirituel, son guide religieux.

Cette relation spéciale peut s’expliquer par un évènement qui a eu lieu en Mauritanie. Il est raconté qu’un matin, Cheikh Akhmadou Bamba dit à ses disciples : « Je ne suis ni le père, ni le frère, ni l’oncle d’aucun d’entre vous. Je suis une créature vouée au service exclusif de Dieu. Ceux d’entre vous qui auront choisi de m’accompagner sur ce chemin que j’ai réhabilité, ceux-là sont mes fils, neveux, frères et talibés (disciples) ».
En 1928, Serigne Mamadou Moustapha propose à Cheikh Mouhamadou Fadel de concrétiser le vœu de pèlerinage à la Mecque de leur père, et avec les mêmes personnes qu’il avait choisies de l’accompagner.
L’accession de Serigne Fallou au rang de khalifa
Serigne Fallou Mbacké est devenu second khalife des mourides en 1945. Étant conscient des défis auxquels il doit faire face, il se concentre totalement sur la poursuite des travaux de la Grande Mosquée qu’il aura l’honneur d’inaugurer le 7 juin 1963. Il dirigera la première prière dans cette sainte bâtisse.
Sous son règne, le Khalife s’est montré être un vrai manager. Touba s’est développé à une vitesse impressionnante avec les réalisations faites sous la direction du Khalife. Il a fait lotir une bonne partie de la ville sainte, électrifier la cité tout en améliorant les infrastructures existantes. Il a fait goudronner les routes et installé un premier forage à Darou Marnan pour l’approvisionnement en eau.

Les cinq premiers minarets qui ne passent jamais inaperçus, car montrant à des kilomètres la grande mosquée de Touba, sont ont été réalisés sous son khalifat. D’ailleurs, la plus grande est dénommée Lamp Fall, en hommage à Mame Cheikh Ibrahima Fall, connu comme le plus fidèle des compagnons de Cheikh Akhmadou Bamba.
Suivant les pas de son Maître et Père, Serigne Fallou a lui aussi, créé des villages qui servaient aussi à des écoles coraniques communément appelées «daaras» très prospères notamment : Ndindy, Madinatou Salam, Alieu Mbepp, Touba Bogo. Ces daaras étaient souvent supervisés par d’anciens talibés de Serigne Touba.
Serigne Fallou Mbacké avait une relation spéciale avec le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor qui était d’une autre religion. Ce qui témoigne de la véracité du dialogue islamo-chrétien qui date depuis longtemps.
Cet érudit de l’Islam tire sa révérence en 1968. Même si ses bonnes œuvres et son parcours datent de plusieurs décennies, il est célébré chaque année. Le Magal de Kazu Rajab  fait toujours que la ville sainte de Touba est prise d’assaut par des milliers de pèlerins. Serigne Fallou Mbacké comme le disent beaucoup de personnes, «est le Sénégal», car il est aimé de tous les Sénégalais.

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