Le Lac Rose, qui est actuellement menacé au point que ceux qui y travaillent craignent pour sa disparition, n’est qu’une illustration des pressions entropiques contre des zones humides qui sont fortement impactées par l’action humaine. Souffrant de l’occupation illégale, de la présence des eaux de pluie et de ruissellement, des eaux usées, le Technopole de Pikine et la forêt classée Mbao sont aussi dans une situation peu reluisante.
Les différents ministres concernés par la gestion du Lac Rose, notamment le ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique et celui de l’Eau et de l’Assainissement, ont co-présidé un Comité régional de développement (CRD) sur la situation de cours d’eau. En effet, le lac a reçu une importante quantité d’eau de ruissellement cet hivernage, au point de menacer le travail des récolteurs de sels qui craignent pour sa disparition. Les experts et universitaires conviés à réfléchir sur les solutions, après leur rencontre à Diamniadio avant-hier, mardi 13 décembre, vont tirer des conclusions sur l’état actuel des lieux. Ces conclusions seront remises au président de la République, Macky Sall, à qui reviendra la prise de décision de salutaire.
L’urgence est n’est donc plus à démontrer. Le Lac Rose, zone touristique et de forte activité économique, notamment pour nombre de Sénégalais qui s’activent dans l’extraction et la commercialisation du sel, de guides touristiques et de piroguiers qui assurent les excursions dans le cours d’eau, est envahi par les eaux de pluies qui lui ont fait perdre sa couleur (rose), une de ses attractions. En plus de l’exploitation du sel, il y a aussi l’hôtellerie qui est menacée.
La forte présence des eaux de pluies de l’hivernage précédent, font craindre le pire, dès l’instant que les effets des changements climatiques qui impacteront des pays comme le Sénégal, sont sensés causer des inondations récurrentes. A cela s’ajoute l’urbanisation galopante et incontrôlée de la région de Dakar, qui «autorise» l’occupation de tous les espaces, même les zones non aedificandi. Bref, un lac-patrimoine et site touristique fortement impacté également par les implications du projet de Pôle urbain.
Pendant que le Lac Rose inquiète, le Technopole de Dakar, une des principales zones humide de la presqu’Ile du Cap-Vert, caractérisée par la présence de différentes espèces de flore, de faune et avifaune, est aussi dans un état peu inviable. La convoitise foncière explique son occupation. Au-delà de la biodiversité et de l’écosystème, les activités qui s’y déroulent sont menacées, à l’image du maraichage. En effet, des «prédateurs fonciers» véreux se sont donné le droit d’y délimiter des zones d’occupation, en procédant au remblayage par le déversement de tonnes de gravats pour grignoter l’espace humide.
Toujours dans la région de Dakar, il y a la situation peu reluisante de la forêt classée de Mbao qui croule sous le poids de son exploitation abusive. Déjà empiétée par plusieurs projets étatiques, comme le Train express régional (Ter), l’autoroute à péage, elle souffre des aménagements qui y sont faits. Pis, réceptacle des eaux de pluies qui viennent de la zone de Keur Massar, la forêt ne vit plus. Les eaux y sont présentes toute l’année. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la flore, les arbres meurent ou qui continuent de mourir du fait, entre autres, de cette eau verdâtre qui inonde une bonne partie de leurs troncs, en toute saison depuis au moins trois ans. Aussi les activités agricoles ressentent-elles cette présence hydrique.
Pendant ce temps, elle est devenue un no man’s land où les délinquants se réfugient, après la commission de leurs forfaits. La gestion de cette forêt pose problèmes. Des solutions provisoires ne sont prises que pendant une certaine période, comme en hivernage, pour faciliter le ruissèlement des eaux. En plus de ces zones, l’occupation des sols a causé des risques d’inondations dans le département de Rufisque.