Pour bon nombre d’observateurs, le divorce entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko est consommé. Une thèse qui a d’autant plus de crédit si l’on se remémore les récentes sorties de l’un des principaux lieutenants de l’ex maire de Dakar, Barthélemy Dias. Toutefois, ces deux ténors de l’opposition sont guettés par la même épée de Damoclès : l’inéligibilité lors de la prochaine présidentielle prévue en février 2024. Même s’il y a des divergences entre les deux hommes, ils ont bel et bien une dernière manche à jouer ensemble.
Condamné, en 2018, à cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture de commerce et escroquerie portant sur les deniers publics », Khalifa Sall est toujours disqualifié pour la présidentielle de 2024, après avoir déjà été contraint de renoncer à celle de 2019. Depuis lors, l’ancien ministre socialiste court après la restauration de ses droits civiques.
Ousmane Sonko est sensiblement dans le même cas de figure. Condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures publiques dans l’affaire qui l’oppose à Mame Mbaye Niang, le maire de Ziguinchor pourrait être privé d’élection présidentielle si la Cour suprême ne cassait pas cette décision.
Ce qui entraîne de facto une convergence de lutte entre les deux membres de la conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi.
Front commun contre le troisième mandat
Seul hic, les deux hommes divergent sur la tactique à adopter. Si Ousmane Sonko compte sur la rue pour remporter la bataille, le président de Taxawu Sénégal, pour sa part, opte pour le dialogue pour bénéficier d’une loi d’amnistie. Une option que rejettent Ousmane Sonko et ses partisans.
Un autre terrain sur lequel les deux politiques vont se retrouver, c’est celui de la lutte contre une éventuelle troisième candidature du Président Macky Sall. « Tout le monde doit participer à la présidentielle sauf un, et il s’appelle Macky Sall. Sur cette question, nous sommes tous d’accord », a indiqué l’ex maire de Dakar durant un point de presse tenu ce mercredi 17 mai par les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi. Ce sujet a d’ailleurs réuni les deux opposants dans une autre plateforme dénommée F24.
A ces deux combats s’ajoute celui de la lutte pour la libération des « détenus politiques » et la suppression du parrainage.
Malgré ces fronts communs, les tiraillements risquent de prendre le dessus. Les huées essuyées par Khalifa Sall, de la part de sympathisants de PASTEF, lors de la manifestation de la plateforme F24 et la passe-d’armes entre militants en disent long sur la dégradation des relations entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Même si, au sein de la conférence des leaders, tout le monde veut faire croire que « Yewwi est une famille ».