Il y a un glissement qui fait polémique dans le milieu hospitalier. Le malade est appelé, à raison, client. Partant de ce postulat, il est roi devant les praticiens. Du moins, ces derniers sont tenus d’échanger avec lui, lorsqu’il s’agit de choisir le protocole de traitement dans certaines circonstances. En outre, le médecin doit se garder de divulguer le secret médical, c’est-à-dire, ce qu’il a vu, entendu et compris. Même en cas de réquisition du juge, le médecin a des limites à ne pas franchir. En somme, deux spécialistes définissent le champ de domaine des rapports entre les médecins et les malades.
Le patient n’est pas un sujet du médecin. C’est pour cela que le praticien le traite avec déférence. De nos jours, le malade est considéré comme un client donc comme un roi. Bien que la notion de client soit mal perçue, il n’en demeure pas moins qu’il soit traité comme tel au sein des établissements sanitaires. La preuve, le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine. Le secret professionnel institué dans l’intérêt des patients, impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Il ressort aussi de la lecture des textes que le respect de la vie et de la personne humaine doit être de vigueur. Mais à la base, la compétence de prodiguer le soin est une primauté.
« Entre autres devoirs généraux des médecins, il y a le respect de la vie et de la personne humaine, donner des soins aux malades avec l’aide de tiers et se montrer compétent à faire le diagnostic avec le plus grand soin mais aussi avec qualité et efficacité », énumère Samba Ndiaye, coordonnateur des affaires administratives du ministère de la santé et de l’action sociale.
Une partie de la deuxième présentation
Compte tenu des bases fondamentales de l’exercice médicale, le médecin a une véritable obligation de discrétion et cela représente un droit fondamental du patient. Il a l’obligation de taire tout ce qu’il a lu et vu ou compris durant l’exercice de sa fonction. Aujourd’hui, il faut noter qu’il existe des dérogations légales et des situations où le médecin a la possibilité de communiquer certaines informations. Les dérogations à ce secret médical sont celles qui sont prévues dans l’intérêt du patient, explique le docteur Omar Ndoye Maître assistant spécialiste en médecine légale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dans le cadre d’un panel organisé par l’Ordre des médecins du Sénégal dans le cadre de la journée ordinale.
Le signalement des personnes pour violences sexuelles doit se faire par exemple avec l’accord de la personne adulte. Il y a aussi les dérogations qui sont motivées par des questions de santé publique. Le secret médical n’est pas opposable aux malades parce qu’il faut lui donner des informations pour ne pas trop s’alarmer. L’information doit être partagée aux proches dans certaines situations surtout quand le médecin doit délivrer un diagnostic grave toujours avec l’accord du patient. Il y a aussi la possibilité de partager l’information entre collègues pour la continuité du traitement sauf opposition du malade. Pour les malades décédés, les ayant droits peuvent connaître les causes du décès pour défendre la mémoire du défunt ou faire valoir ses droits divers.
Quand la justice s’en mêle
Le secteur de la santé a été secoué par des évènements malheureux ou scandales ces derniers temps avec l’affaire du docteur Niang de Suma Assistance et ses collaborateurs qui ont accueilli le politicien Ousmane Sonko dans leur clinique. Ils sont aussi poursuivis pour avoir prétendument négligé un patient de la mairie de la Médina blessé pendant des manifestations et qui finira par rendre l’âme. Un cas d’école qui mérite pour les praticiens de se pencher sur la question. D’ailleurs, le docteur Boly Diop estime qu’il revêt du rôle de l’Ordre de se lancer sur la problématique. Il s’agit de voir entre acteurs du système de santé et ceux du secteur judiciaire comment se parler et se comprendre, de rappeler aux médecins les principes élémentaires des droits et des obligations de la profession. C’était aussi l’occasion de revisiter les relations entre les médecins et les patients et les acteurs de la justice.
Que doit faire un médecin face à une réquisition de justice ?
Le médecin est sommé de déférer à une réquisition du magistrat pour la fourniture de données médicales sur une personne. Le médecin peut être aussi témoin et devant cette situation, il doit se présenter. Mais il peut dans les deux cas de figure se retrancher devant le secret médical selon le professeur. Le médecin peut refuser de fournir des dossiers sur simple réquisition mais le juge d’instruction peut faire saisir les dossiers, dans ce cas le médecin ne peut refuser. Dans le cadre du travail, le médecin peut se prononcer sur l’aptitude ou l’inaptitude du travailleur et non sur son diagnostic il a l’obligation de respecter le secret médical.
Le respect du secret médical est un devoir pour le médecin, le secret n’appartient à personne. Le médecin n’en est que le dépositaire a expliqué le professeur Mohamed Soumah titulaire de la Chair de médecine légale à Ucad. Comme pour confirmer que le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine. Le secret professionnel institué dans l’intérêt des patients, impose à tout médecin, les conditions établies par la loi.