L’histoire de ce jeune homme qui a voulu sauver la jambe de sa mère a fait pleurer toute l’assistance du tribunal des flagrants délits de Dakar. Malheureusement, il n’a pas réussi parce qu’il a croisé sur son chemin une personne mal intentionnée qui l’a dépouillé de son argent. Et la jambe de sa mère a fini par être amputée alors qu’au début, ce n’était qu’une petite plaie à l’orteil.
En effet, Diabou D., mère de Mohamed N. Mb. est atteinte de diabète de type 2. Elle a eu une plaie au niveau de l’orteil droit qui n’arrivait pas à cicatriser. Malgré toutes les analyses et radios effectuées, aucun résultat n’a été obtenu. Alors, les médecins l’ont orientée auprès du professeur Magaye Gaye, médecin, enseignant chercheur à l’hôpital Abass Ndao de Dakar. Soucieux de la maladie de sa mère et éprouvé par sa souffrance, Mohamed Mb s’est rendu à l’hôpital Abass Ndao où il a pris contact avec la Ndiacké F., assistante du professeur Gaye, pour un rendez-vous médical au profit de sa mère. Après discussions, la prévenue lui fait savoir que l’opération de sa mère devait coûter la somme de 800 mille francs Cfa, mais qu’elle serait en mesure de lui faire bénéficier du quota familial pour ne payer que la somme de 400.000 francs Cfa. C’est la raison pour laquelle la partie civile a envoyé des sommes d’argent via Wave et Orange money à la dame.
Au total, cette dernière a encaissé la somme de 646 mille francs Cfa qu’elle a utilisé à des fins personnelles. Alors que l’opération de sa mère tardait à se réaliser, le plaignant s’en ouvre personnellement au Professeur Magaye Gaye, qui lui a promis de convoquer son assistante qui a reconnu lors d’une rencontre avoir reçu l’argent du Sieur Mbengue, mais qu’elle avait personnellement utilisé cet argent.
Après la confrontation, Ndiacké F. a remboursé les 646.000 francs à Mohamed N. Mb. Entre-temps, le pied-droit de sa mère a été amputé et Mohamed N. Mb tient pour responsable la prévenue de l’état actuel de sa mère. Il portera ainsi plainte contre cette dernière pour que justice soit faite.
Dans ces circonstances, la dame a été arrêtée pour escroquerie, blessures volontaires, obtention d’avantages indus avant d’être placée sous mandat de dépôt.
À la barre, elle a reconnu avoir reçu de l’argent de la partie civile. Mais elle affirme avoir agi de la sorte pour aider le plaignant afin qu’il puisse obtenir une réduction. « Je reconnais que je n’étais pas habilitée à prendre l’argent. Et je reconnais également avoir utilisé l’argent reçu à mes fins personnelles », se dédouane-t-elle avant de faire savoir qu’elle a remboursé le montant encaissé au sieur Mbengue.
Mohamed N. Mb. : « je lui ai versé à peu près 700 mille francs. C’est ma mère qui souffre de la maladie du diabète. Après le scanner, je me suis rapproché de la prévenue pour obtenir un rendez-vous pour l’opération de son orteil. C’était au mois de janvier 2023. Quand elle a encaissé mon argent, elle m’a demandé de faire plusieurs analyses.
Finalement, la situation s’est empirée et on a amputé le pied de ma maman. Elle a été opérée au mois d’avril. Le professeur Magaye Gaye n’avait pas reçu son dossier. Le coût de l’opération c’est 646 mille francs », a déclaré la partie civile qui n’a pas pu retenir ses larmes.
Son conseil, Me Takha Cissé indique qu’il s’agit de faits constants. D’ailleurs, explique-t-il, la prévenue a reconnu avoir encaissé de l’argent en utilisant des manœuvres. Alors qu’elle devait juste enrôler le dossier et le transmettre au professeur pour l’opération d’un orteil. « Après le versement de l’argent, il y a eu plusieurs relances. Mais elle a gardé le dossier dans le tiroir », a laissé entendre la robe noire. En ce qui concerne la mise en danger de la vie d’autrui, le comportement du prévenu a causé un dommage, car le pied de la dame a été coupé en deux. Suffisant pour Me Cissé de demander la somme de 6 millions de francs Cfa pour dédommagement.
Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a souligné que dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas de blessures involontaires. Il précise que la dame a agi de manière volontaire. Vu la gravité des faits, le parquet a requis 6 mois ferme contre Ndiacké F. La défense composée Me Djigo et Me Antoine Mbengue a demandé une application bienveillante de la loi pénale.
L’affaire a été mise en délibéré au 28 juin prochain.