Abdoulaye Diallo, technicien agricole à Sinthiou Moussa, dans la commune de Tambacounda (est), a plaidé la hausse du prix au producteur du coton à l’image de l’arachide dont le prix est récemment passé de 300 à 350 francs CFA le kilogramme.
« Si nous avons une demande à formuler, à l’image de l’arachide et du riz, on aurait aimé que le président de la République nous aide aujourd’hui pour que le prix du coton soit amélioré, lequel est actuellement à 300 francs », a-t-il dit à l’Agence de presse sénégalaise.
Le chef de l’Etat entame à partir de mardi une tournée économique dans la région de Tambacounda au cour de laquelle, il va présider un Conseil présidentiel, un Conseil des ministres et la cérémonie de célébration de la Journée nationale de l’élevage.
Le technicien renseigne que le village de Sinthiou Moussa situé à quelques kilomètres de la commune de Tambacounda exploite le souna (variété du mil) sur 14 ha, contre 13 h pour le coton, 8 pour le maïs, et 4 pour l’arachide cette année.
Abdoulaye Diallo a insisté notamment sur l’importance d’un partenariat entre les cultivateurs de coton et la Société de développement et des fibres textiles (Sodefitex).
Selon lui, si l’Etat veut que la culture du coton se développe, il devra subventionner le matériel agricole et revoir à la hausse le prix au producteur. « (…) ce qui nous permettra de travailler plus vite et sur des superficies plus conséquentes’, a assuré Diallo.
Par rapport à la production du coton, il renseigne que la récolte est toujours en cours, avec quelque 10 tonnes déjà récoltées sur une superficie de plus de 10 ha, notant que les exploitations sont souvent de type familial.
Il rappelle que le secteur était confronté à des attaques d’insectes et l’Etat, à travers le ministère de l’Agriculture, « a été au chevet des producteurs, en prenant en charge le crédit court terme et les intrants de cette campagne ».
Il note par ailleurs que vouloir maintenir le prix du coton dans son état actuel, « ce serait synonyme de méconnaître l’apport du coton dans la localité », en termes d’exploitation et sécurité alimentaire.
« Si la situation n’est pas améliorée, les gens risquent de quitter la filière. C’est pourquoi, nous invitons le ministre de l’Agriculture à revoir le prix du coton et le niveau d’équipement », poursuit-il.
Le technicien agricole est d’avis que si beaucoup de jeunes ne s’intéressent pas à l’émigration irrégulière, « c’est parce qu’ils se retrouvent dans la culture”, notant que la meilleure manière de les garder dans cette activité, « c’est quand ils cultivent, ils s’y retrouvent à travers une valorisation du prix ».
Outre la question sur la valorisation du prix, Abdoulaye Diallo relève aussi des difficultés relatives notamment aux attaques de cantharides (insectes très voraces qui attaquent et dévorent le feuillage des plantes).
« Nous avons dû recourir à des traitements pour limiter les dégâts », insiste-t-il. Diallo a aussi relevé les attaques des jassides (insectes qui attaquent les cotonniers), lesquelles n’ont pas permis de récolter les graines semées tardivement.
La Sodefitex, en amont et en aval de la filière coton
« Or pour la récolte du coton, nous avons jusqu’à trois étages pour que le coton soit bon, donc les capsules du milieu et les capsules de tête n’ont pas pu être récoltées, seules les capsules du bas ont pu être récoltées », fait-il valoir.
Créée en 1974, la Société de développement et des fibres textiles (Sodefitex), est une agro-industrie cotonnière implantée dans les régions agro écologiques du Sénégal oriental, peut-on lire sur son site internet.
Elle agit dans « la recherche-développement, le conseil agricole, la production et la mise en place de semences certifiées, la formation des cotonculteurs », ajoute la même source.
« Aujourd’hui la Sodefitex assure l’approvisionnement en intrants, encadre les producteurs, quand la récolte mûrit, c’est la société qui vient nous acheter la production », renseigne Abdoulaye Diallo.
Parlant du partenariat entre la structure et les exploitants agricoles de la zone, Diallo indique que « le producteur peut faire tout son itinéraire technique jusqu’à la production sans débourser de l’argent », ajoutant que « la Sodefitex est en amont et en aval de la filière coton ».