Tops et les flops : le palmarès politique de l’année 2022

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Les événements politiques auront marqué l’agenda républicain et tenu en haleine les sénégalais ces 365 derniers jours. Avec deux scrutins aux relents de primaire de 2024 (présidentielle) âprement disputés (les locales du 23 janvier et les législatives du 31 juillet) la classe politique sénégalaise n’a pas du tout chômé cette année.

Ces joutes électorales ont été une vraie Bérézina pour le pouvoir qui a perdu plusieurs bastions électoraux sous les flots dévastateurs de la vague « Yewwi Askan wi ». Celle-ci a d’abord déferlé sur les communes Beige-marrons le 23 janvier dernier, avant de s’abattre sur la place Soweto où elle a avalé la moitié des sièges de l’Assemblée nationale le 31 juillet dernier, actant ainsi une configuration inédite dans l’histoire parlementaire du Sénégal.

Plusieurs acteurs de la scène politique nationale se sont naturellement distingués, aussi bien dans la mouvance présidentielle qu’au sein de l’opposition, en apposant une empreinte indélébile sur les annales politiques. D’autres, par contre, ont brillé par leurs contre-performances. Voici la short-list de tops et de flops de 2022 dressée par Seneweb.

Tops

Ousmane Sonko: le chef incontestable de l’opposition

Il est devenu un virtuose en politique après seulement 8 années de pratique. L’ancien syndicaliste et inspecteur des impôts, Ousmane Sonko que rien ne prédestinait à une carrière politique est devenu, par la force des choses, le leader incontestable de l’opposition sénégalaise et l’a démontré encore une fois cette année. En plus de ses sorties médiatiques qui affolent la toile et font grimper les records d’audience, Sonko sait gagner des élections et en fait gagner également.

En effet, élu maire de Ziguinchor sans coup férir face un adversaire de catégorie inférieure (Benoit Sambou, Benno bokk yakaar), PROS, comme le surnomme affectueusement les « Patriotes », a confirmé sa suprématie électorale dans le Sud du pays devenu sa chasse gardée. Écarté des législatives du 31 juillet 2022 (la liste des titulaires de Yaw dont il était à la tête a été déclarée irrecevable), Sonko, en directeur de campagne, a encore fait exploser les urnes pour une razzia de l’inter-coalition  Yewwi-Wallu. Avec 80 députés, l’inter-coalition impose pratiquement la cohabitation à la mouvance présidentielle.

A travers ces performances et un capital sympathie qui a grimpé avec la nouvelle tournure assez favorable prise par l’affaire du présumé viol qui l’oppose à la masseuse Adji Sarr, Ousmane Sonko a déjà composté son ticket pour la présidentielle de 2024.

Barthélémy Dias : Le nouveau « Jaraaf » de Dakar

Comme un geyser, Barthélémy Dias a été propulsé, le 23 janvier dernier, sur le toit de la capitale sénégalaise, la forteresse imprenable depuis 2009 pour les différents régimes. Le maire de Mermoz/Sacré-Cœur a douché les espoirs d’Abdoulaye Diouf Sarr, tout puissant ministre de la santé et candidat de Benno bokk yakaar qui a été laminé jusque dans son propre centre de vote. 

Cependant, Dias-fils a dû batailler ferme au sein de la coalition Yewwi Askan wi où sa candidature au détriment de Soham El Wardini, maire sortant, avait soulevé une grosse polémique. Finalement, le poulain de Khalifa Sall a imposé sa candidature et a réussi à décrocher l’écharpe de maire de la capitale sénégalaise.

Le 31 juillet 2022, bis repetita ! Tête de la liste départementale de Dakar de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, Barth remet ça en coiffant au poteau la liste de Bby drivée par Alioune Ndoye, son ex frère socialiste. Il devient ainsi, le nouveau « Jaraaf » (titre de chef de la communauté Lébou) de Dakar.

Victorine Ndèye : La Superwoman de Niaguis !

C’est souvent aux plus braves que revient l’honneur de porter l’étendard. Au sud du pays, c’est à une femme qu’est revenue la charge de défendre les couleurs de Benno bokk yakaar. Nouvelle dans la scène politique nationale, l’héroïne de Niaguis, Victorine Anquiche Ndeye ne fait pas pâle figure. Récemment sortie de l’ombre, l’ancienne directrice des ressources financières du Groupe Futures Médias (Gfm) devenue secrétaire d’Etat chargée du logement, s’est faite une place de choix sous les projecteurs.

Elle écrit les premières pages de sa carrière politique le 23 janvier 2022 en devenant la première femme élue maire dans la région de Ziguinchor. L’édile de la commune de Niaguis (localité située à quelques kilomètres de Ziguinchor) force le respect dans sa formation politique. Étant un des rares responsables de la mouvance présidentielle à s’être imposé aux locales, Victorine a été choisie pour porter la liste départementale de Bby aux législatives.

Même si les résultats finaux issus des urnes n’ont pas épousé les contours de ses vœux, la dame de 47 ans a marqué les esprits par son sens de la démocratie et par son incarnation d’une politique à visage humain. Le débat télévisé à laquelle elle s’est livrée avec son adversaire Guy Marius Sagna restera sans doute gravé dans le marbre.

Ahmed Aïdara : Le nouvel « homme fort » de Guédiawaye

Il a déjoué tous les pronostics le 23 janvier 2022. Tous ceux qui avaient misé sur son adversaire, Aliou Sall (frère du président et maire sortant de Guédiawaye), ont perdu. Son profil est certes atypique mais Ahmed Aïdara est bel et bien le maire élu de Guédiawaye. L’ancien présentateur de la Revue de presse à la Rfm puis à Sen Tv vient de réaliser une entrée fracassante dans la politique en réussissant lors de son coup d’essai là où des vieux briscards ont toujours échoué. Il faut dire que l’animateur de la matinale de faits-divers Teuss (sur Sen Tv) a surfé sur la vague Yewwi Askan wi et sur son aura grandissant.

Et comme pour prouver à ses détracteurs qu’il n’a pas été élu par défaut, Aïdara réédite l’exploit en portant la liste départementale de l’inter-coalition Yewwi-Wallu à Guédiawaye où il a encore opéré une razzia dans tout le département. Convaincu qu’aucun rêve n’est fou si on se donne les moyens de le réaliser, Ahmed Aïdara a brigué, en vain, le perchoir de l’assemblée nationale malgré les injonctions de Yaw qui avait choisi Barthélémy Dias. Le nouvel homme fort de Guédiawaye qui a marqué l’année 2022, poursuit son rêve fou.

Aly Ngouille Ndiaye : La revanche d’un banni

Son éviction du gouvernement, le 1er novembre 2020, a eu l’effet d’un couperet. Touché de plein fouet par cette décision présidentielle à laquelle il ne s’attendait point, Aly Ngouille Ndiaye est retourné en hibernation dans sa base en préparant son retour en force. La traversée du désert n’a pas duré puisque le maire sortant de la commune de Linguère a conservé son siège le 23 janvier dernier là où beaucoup de ses camarades de parti ont subi la déferlante Yewwi Askan wi.

Tête de la liste départementale de Bby à Linguère, Aly Ngouille s’érige en maître incontesté du Djolof en remportant les législatives du 31 juillet 2022. Le banni signe ainsi son retour au gouvernement. Il a, en effet, été nommé en septembre, ministre de l’Agriculture.

Les Flops

Idrissa Seck : Un « mbourou ak soow » au goût amer 

Le Damel en herbe de Thiès, Idrissa Seck, a définitivement perdu son trône. Après avoir essuyé des huées dans son centre de vote lors des dernières élections locales du 23 janvier 2022, le Rewmiste en chef qui avait fait de Thiès son bastion, a encore reçu une sévère claque lors des législatives du 31 juillet.

Les Thiessois n’ont visiblement pas digéré sa volte-face de novembre 2020 quand le leader de Rewmi, très adulé, est allé s’allier avec le président Macky Sall. Depuis, il ne cesse de subir les foudres des thiessois jusque dans les urnes. Au département de Thiès où il avait la charge d’impulser la dynamique unitaire dans la coalition Benno Bokk Yakaar pour une victoire au soir du 31 juillet 2022, les chiffres issus des urnes témoignent d’un cinglant revers.

Une énième débâcle du « mbourou ak soow » au goût amer.

Aminata Touré : Pas assez ‘’Mimi’’ pour le perchoir

Une douche froide: c’est ce que Aminata Touré, tête de liste de Benno Bokk Yakaar aux législatives du 31 juillet 2022, a reçu comme récompense après services rendus. Alors qu’elle s’attendait à s’installer confortablement au perchoir de l’assemblée nationale comme présidente du parlement après une victoire étriquée, l’ancienne présidente du conseil économique, social et environnemental a eu la surprise de sa vie. A 15 minutes de la présentation du candidat de Bby à la présidence de l’assemblée le 12 septembre dernier, elle reçoit un appel du président de Bby, Macky Sall l’informant que son choix s’est finalement tourné sur Amadou Mame Diop.

Comme en 2014, l’ancienne cheffe du gouvernement est retournée en disgrâce. Il faut dire que la carrière politique de l’ancienne Trotskiste du MSU, directrice de campagne de Landing Savané à la présidentielle de 1993, ressemble à des montagnes russes. Une alternance interminable de grâce et de disgrâce. Cette fois-ci, celle qui défendait la vision politique du président Macky Sall s’est retrouvée dans une délicate posture d’opposante.

Abdoulaye Diouf Sarr : Un cas « communautaire »

C’est sans doute le banni de l’année 2022 ! En plus de ses débâcles politiques aux élections locales où il a perdu son fauteuil de maire et Yoff et la bataille de Dakar, l’ancien ministre de la Santé et de l’Action sociale est accablé par les scandales financiers de la gestion de la Covid-19 et les nombreux drames dans les structures médicales qui ont marqué l’année.

En effet, le récent rapport de la Cour des Comptes le place au cœur du carnage financier des 1000 milliards du fonds Force Covid-19. Auparavant, le puissant candidat malheureux à la course pour la mairie de Dakar a été éjecté du gouvernement suite à l’incendie de la maternité de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy de Tivaouane qui a coûté la vie à 11 bébés selon les chiffres officiels. Un drame de trop que Diouf Sarr a payé cash.

Élu député sur la liste nationale de Bby, l’ex maire de Yoff qui voulait prendre la voie de la rébellion, est devenu pratiquement aphone…comme un « cas communautaire.

Abdourahmane Diouf : Poids lourd professionnel, poids plume électoral

Les élections législatives de 2022 étaient une occasion pour Dr Abdourahmane Diouf d’écrire une nouvelle page dans sa trajectoire politique. Après avoir rompu avec le Rewmi de Idrissa Seck où il était le numéro 2, le docteur en droit et expert en négociations commerciales internationales a décidé de faire cavalier seul en lançant son propre parti : Awalé les jambars.

S’étant joint à Thierno Alassane Sall et Thierno Bocoum dans l’initiative Aar Sénégal, la tête de liste départementale de Rufisque a raté son premier test. Il n’a pas réussi à convaincre l’électorat Rufisquois. Son background et sa verve n’ont pas pesé sur la balance.

L’ancien Directeur général du Club des investisseurs sénégalais (Cis), malgré son Cv qui  fait pâlir plus d’un, s’est révélé être un poids plume électoral. Son exemple démontre, si besoin en était encore, que sous nos tropiques, la politique n’est pas une affaire de Cv balèze, mais plutôt un contact permanent avec la base. Une leçon que le candidat de Awalé pour la présidentielle de 2024 gagnerait à bien maîtriser.

Les deux députés du Pur : Jackie Chan et Bruce Lee à l’hémicycle

S’il fallait décerner le prix de la plus grosse bourde, les deux députés Massata Samb et Mamadou Niang du Pur caracoleraient en tête. Et pour cause ! Lors du marathon budgétaire le 1er décembre dernier, ils s’en sont violemment pris à leur collègue, la députée de Benno Bokk Yakaar, Ami Ndiaye. En effet, lassés de ruminer leur colère après les propos jugés irrévérencieux proférés par la députée à l’égard de leur guide religieux Serigne Moustapha Sy, les deux disciples ont laissé exploser leur fureur.

Arrêtés suite aux violents coups portés sur la jeune dame, les deux parlementaires placés sous mandat de dépôt et qui ont déjà comparu, croupissent toujours en prison en attendant le délibéré. Prévu lundi dernier, 26 décembre 2022, celui-ci a été renvoyé jusqu’au mois de janvier prochain. Si le juge suit le réquisitoire du parquet, Jackie Chan et Bruce Lee du Pur risquent deux ans de prison fermes.

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