Restriction des libertés et répression électorale : Human Rights Watch épingle le Sénégal

Human Rights Watch a sorti son rapport ce 22 janvier. Un rapport accablant sur le Sénégal. Ils ont, en effet, dénoncé la répression pré-électorale. « Les autorités sénégalaises répriment l’opposition, les médias et la société civile à l’approche des élections générales qui doivent se tenir le 25 février 2024, a déclaré Human Rights Watch dans un article publié sur son site.

Selon eux, les autorités devraient garantir les libertés fondamentales, et mettre fin aux détentions et poursuites arbitraires. Ils exigent aux autorités « d’enquêter de manière efficace sur toutes les violences commises par les forces de sécurité, de libérer les personnes détenues arbitrairement et de garantir les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, essentiels à des élections véritablement libres et équitables ».

« Cette répression », lit-on, « a commencé en 2021 dans le contexte des procédures judiciaires concernant l’éminent leader de l’opposition Ousmane Sonko et de préoccupations suscitées par l’éventualité d’un troisième mandat du président Macky Sall, mais il y a eu une vague d’arrestations d’opposants politiques et de dissidents au cours des derniers mois ».

« Selon des groupes de la société civile et des partis d’opposition, près de 1 000 membres et militants de l’opposition ont été arrêtés dans tout le pays depuis mars 2021. Soixante-dix-neuf personnes ont présenté une demande au Conseil constitutionnel pour être candidates à l’élection présidentielle, dont Amadou Ba, actuel Premier ministre du Sénégal et membre de la coalition au pouvoir, et Ousmane Sonko, leader d’opposition emprisonné et dirigeant du parti politique dissous Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). À l’issue du processus de vérification du Conseil, elles ne sont plus que 20. La candidature d’Ousmane Sonko a été rejetée sur la base de sa condamnation par la Cour Suprême du Sénégal à 6 mois de prison pour diffamation à l’encontre d’un ministre.

« La promesse du président Macky Sall d’organiser des élections libres et équitables est en contradiction avec le fait que les autorités remplissent les prisons de centaines d’opposants politiques depuis trois ans », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités devraient s’assurer que tous les Sénégalais sont en mesure d’exprimer librement leurs opinions et d’exercer leur droit de vote de manière équitable et pacifique. »

Entre novembre 2023 et janvier 2024, Human Rights Watch a interrogé en personne et par téléphone 34 personnes, dont 9 membres de partis d’opposition, 13 membres de groupes de la société civile sénégalaise, 6 journalistes, 2 professeurs d’université, 3 avocats sénégalais et 3 proches d’activistes. Human Rights Watch a également examiné des reportages de médias nationaux et internationaux, des photographies montrant les blessures d’un manifestant à la suite d’actes de torture en juin 2023 et son dossier médical, ainsi qu’une vidéo montrant des gendarmes qui torturent un manifestant, également en juin.

Le 9 janvier, Human Rights Watch a envoyé un e-mail à Julien Ngane Ndour, Directeur des droits humains auprès du ministère de la Justice, pour lui faire part de ses conclusions et solliciter des réponses à des questions spécifiques. Human Rights Watch n’a pas reçu de réponse.

Des vagues d’arrestations ont commencé en 2021 à la suite de manifestations violentes liées à des procédures judiciaires concernant Ousmane Sonko et à la perspective d’un possible troisième mandat du président Macky Sall. Les forces de sécurité ont ciblé des dirigeants, des membres et des partisans du parti d’Ousmane Sonko. Sonko a été plus récemment arrêté le 28 juillet pour incitation à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, provocation de troubles politiques graves et association de malfaiteurs, entre autres. Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général du PASTEF, est en détention depuis le 14 avril, devant répondre de chefs d’accusation similaires à la suite d’un message critiquant les magistrats qu’il avait publié sur son compte Facebook.

« Critiquer les autorités n’est pas un crime et personne ne devrait encourir une peine de prison pour cela », a déclaré l’avocat de Bassirou Diomaye Faye dans ledit rapport. Le 31 juillet, le ministre de l’Intérieur du Sénégal a annoncé la dissolution du PASTEF, au motif que ce parti aurait mobilisé ses partisans lors de manifestations violentes en juin 2023 et en mars 2021.

« Nos dirigeants sont en prison, nos partisans sont en prison, beaucoup d’entre nous sont en liberté provisoire ou sont surveillés électroniquement comme moi », a indiqué El Malick Ndiaye, responsable de la communication du PASTEF, arrêté le 22 mars pour avoir prétendument diffusé de fausses nouvelles et commis des actes susceptibles de compromettre la sécurité publique. Ce jour-là, il a publié un message sur son compte Facebook alléguant qu’un individu en uniforme de la police avait pulvérisé une substance inconnue sur Ousmane Sonko. « Le gouvernement banalise la pratique de l’arrestation et fait tout pour nous réduire au silence », a-t-il expliqué.

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